La France s’enfonce dans la crise. « Nous perdons chaque jour entre 50 et 100 cheveux », annonce Marie-Ange Casalta sur M6. Que fait Arnaud Montebourg ? « Parfois, le processus s’accélère », note la présentatrice de 100 % mag, en écho aux plans sociaux dont sont victimes les patients en chimiothérapie et les trichotillomanes ayant survécu à Jean-Luc de Delarue. A défaut du ministre du Redressement pro du tif, trop occupé avec la raie des hauts-fourneaux de Florange, « c’est la médecine esthétique qui vient au secours de notre coiffure : injections, lifting des cheveux, maquillage permanent… » Une journaliste de M6 « a passé au peigne fin les nouvelles techniques à la mode » dans une enquête au poil.

« Tous les matins, Odette, 62 ans, a besoin de deux miroirs pour se coiffer. » Et aussi d’une brosse, car le pouvoir coiffant d’un miroir est très limité. « Après une période de stress et une perte de poids, cette femme très coquette a commencé à perdre ses cheveux. Aujourd’hui, le résultat est accablant. » Elle est moche comme un pou ? En tout cas, elle se désole : « J’aimerais retrouver les cheveux que j’avais au préalable. » Il ne fallait pas les laisser tomber.

Par chance, Odette est une femme moderne. Elle a bien compris qu’au XXIe siècle, avoir son généraliste ou son dentiste ne suffit plus, chacun se doit de posséder « son » chirurgien esthétique : « Grâce à son chirurgien esthétique, Odette a peut-être rencontré la solution magique. » Va-t-elle retrouver la banane ? Devant la caméra, « une des pionnières de la mésothérapie lui injecte directement dans le cuir chevelu un cocktail de vitamines, d’oligo-éléments et surtout d’acide hyaluronique », habituellement utilisé pour sculpter des fesses à la Pippa Middleton– n’allez pas en déduire que celle-ci les a velues.

A l’image, la chirurgienne dégaine un pistolet à air comprimé muni d’une seringue et le braque sur la tempe de sa victime. « Pour retrouver la chevelure de ses rêves, Odette va devoir subir une centaine de piqûres. » Au début, les tirs sont espacés, la praticienne appuie sur la détente très patiemment, très régulièrement pour ne pas rater sa cible. Mais c’est bientôt l’escalade la violence, « notre chirurgienne va maintenant sortir l’artillerie lourde ». Un missile Patriot équipé d’une charge d’acide hyaluronique au phosphore ? C’est risqué, Barack Obama a promis des représailles en cas d’utilisation d’armes chimiques. Du coup, l’artilleuse ne change pas d’arme mais enclenche le mode automatique de son pistolet-mitrailleur : « Je vais travailler en rafales. » Odette ne bronche pas.

« C’est comme un engrais, explique la chirurgienne après avoir arrosé sa patiente de rafales d’acide hyaluronique. On va nourrir le sol. » N’oubliez pas le Round-Up pour éviter les mauvaises herbes. Prenant soin de vérifier ces promesses décoiffantes, la journaliste interroge un dermatologue qui, manque de peau, coupe les cheveux en quatre : « Cette technique n’a pas fait ses preuves », prétend-il, ajoutant que les mêmes substances auraient le même effet si elles étaient administrées par voie orale. Il oublie que ce procédé engendre fatalement une recrudescence de cheveux sur la langue.

La journaliste poursuit son enquête : « La médecine esthétique des cheveux, tout le monde s’y met, même les hommes. » M6 soit louée ! Voilà une chaîne qui ne néglige pas les hommes RDA (rien à voir avec une quelconque ostalgie, ça signifie « responsable des achats » et d’habitude c’est réservé aux femmes, on se demande de quel droit). « Pour Eustache, c’est devenu une nécessité. A 27 ans, il souffre de calvitie, un complexe qui l’obsède depuis l’adolescence. » Quelle coïncidence, moi aussi ! Non pas que je sois chauve du crâne. Mon problème est ailleurs : j’ai toujours complexé d’avoir le torse aussi poilu qu’un lavabo. Mais je n’ai pas l’intention de l’offrir aux tirs d’une maniaque des armes chimiques, non plus qu’à un jardinier en herbe.

« Après deux greffes de cheveux, Eustache n’est toujours pas satisfait du résultat. » Il en a gros sur le caillou. Il va donc tester « une nouvelle méthode des plus originales, la dermographie capillaire ». Très joli nom, très rassurant. Une nouvelle discipline artistique, peut-être ? « Mais quelle est donc cette mystérieuse technique ? » Si aucun diplôme n’est requis pour la pratiquer, cet art graphique paraît tout indiqué aux élèves d’Estienne ou de Boulle. « En réalité, les cheveux ne repoussent pas. Le principe est d’en tatouer des faux pour donner l’impression d’une masse capillaire. »

Le dermographiste capillaire entre en action, dessinant des tifs criants de vérité dont il éponge soigneusement les bavures avec un buvard. Du vrai travail d’artiste, car tout se joue à un cheveu : si l’on manque de précision, « ça fait des taches » et non des touffes. Voilà comment on se retrouve avec un crâne léopard, motif difficile à assortir avec sa garde-robe.

« Une heure plus tard, Eustache découvre sa nouvelle tête. » Merveilleux ! L’œuvre se révèle d’une intense pilosité. Eustache, sans tache, ploie sous une masse capillaire plus vraie que nature :

Le capillographiste l’assure, « ce tatouage va durer entre cinq et six ans ». Je veux le même ! Sur la poitrine ! Fini les pectoraux sinistrement glabres ! Enfin, je vais vivre le rêve d’Abès, ce candidat de La belle et ses princes presque charmants qui, dans un immense lit installé au milieu d’un somptueux jardin, avouait à Marine sa position idéale pour dormir : sur le dos, avec la tête de son bien-aimée reposant sur son torse velu.

Je saisis un stylo-plume, une agrafeuse, une cartouche d’encre châtain afin de confectionner un pistolet à tatouage. Je me mets au travail après m’être exercé sur un œuf. Bien sûr, je fais quelques taches, quelques ratures, mais l’impression d’ensemble est parfaite. Ne reste plus qu’à laisser ma chemise entrouverte… Les filles vont se jeter sur moi pour déposer leur tête sur ma toison accueillante et moelleuse – même si mes tatouages ne sont pas très rembourrés, c’est vrai.

Conquis par la « mystérieuse technique », j’entreprends illico de me poiler recto-verso. Et là, je comprends bien mieux la tactique d’Odette. Pour se tatouer des cheveux dans le dos, deux miroirs ne sont pas de trop

Source : M6 se fait des cheveux pour vous – Ma vie au poste – Télérama.fr

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