Si le tatouage est un art, il peut aussi s’avérer très utile pour camoufler des cicatrices et même redessiner un sein après un cancer. Voici ce qu’il faut savoir sur le tatouage médical, ou « dermopigmentation ».

1. Le tatouage permet de corriger de graves lésions

Le tatouage médical découle du même principe que le tatouage semi-permanent esthétique. Au lieu de maquiller jour après jour une partie de sa peau que l’on souhaiterait différente, on va tatouer temporairement celle-ci -on parlera alors de « dermopigmentation« , pour mieux démarquer cette technique de l’univers du tatouage artistique.

Injectés dans le derme à l’aide d’un dermographe (machine à tatouer), les pigments teintent la peau et servent ainsi à masquer des cicatrices (souvent plus claires ou plus foncées que la carnation) ou des tâches, ou à créer l’illusion de cheveux, de sourcils ou de cils, tombés lors d’une chimiothérapie ou d’une maladie (alopécie, pelade, etc.). Mais le tatouage médical peut surtout être la dernière étape d’une reconstruction mammaire, après un cancer du sein. Il permet de redessiner une aréole, voire un mamelon en trompe-l’œil.

Camouflage de cicatrices sur les aréoles par Marty, du salon Marty Tatoo.

Camouflage de cicatrices sur les aréoles par Marty, du salon Marty Tatoo.

Atelier Marty Tatoo

2. Tous les médecins ne connaissent pas cette technique

Si le tatouage médical est un acte courant, particulièrement pour la reconstruction du sein, il n’est pas encore proposé systématiquement. « J’ai une collègue qui a eu un cancer du sein il y a plusieurs années et son chirurgien vient de lui remettre une nouvelle prothèse, écrit Yannick en avril sur le forum du Syndicat national des artistes tatoueurs. […] Cette collègue m’a donc demandé, un peu gênée, s’il y avait des tatoueurs qui pouvaient redessiner une aréole. Son médecin lui a dit que c’était possible, faisable et qu’il n’avait rien contre… » Mais pour autant, il ne lui a pas conseillé d’adresse.

Le Dr Fabien Reyal, spécialisé en chirurgie reconstructrice à l’Institut Curie, utilise quant à lui autant le tatouage que la greffe de peau. Cette dernière offrirait, à terme, un rendu plus naturel, mais elle nécessite davantage de soins et laisse une cicatrice à l’endroit où la peau est prélevée -en haut de la cuisse, à côté de la grande lèvre. « On ne peut pas dire qu’une technique est supérieure à l’autre, explique-t-il. Ce sont deux ‘outils’ avec des avantages et des inconvénients propres, qui s’adaptent à différents types de reconstruction, et c’est leur combinaison qui offre aux patientes les meilleures chances pour un beau résultat. »

Enfin, il arrive que des médecins n’aillent pas jusqu’à l’étape d’harmonisation des deux seins. Marty, esthéticienne pratiquant le tatouage médical, a reçu dans son salon « des clientes à qui l’assistante du chirurgien avait tatoué une aréole sur le sein reconstruit, sans tatouer l’autre. Elles se retrouvent alors avec des tétons de couleur différente! »

3. Aucune législation ne réglemente le tatouage médical

Non réglementée, cette technique peut être utilisée par des médecins ou des infirmières formées, mais aussi par des esthéticiennes ou des tatoueurs. Si ces derniers préfèrent se consacrer à leur art, les esthéticiennes seraient de plus en plus sollicitées. Marty constate que les demandes ont augmenté ces dernières années: « C’est la crise, et les hôpitaux et cabinets n’ont plus forcément les moyens d’employer quelqu’un pour ça. » Certaines de ses clientes lui sont d’ailleurs adressées directement par un chirurgien. Mais attention, pas question d’anesthésie locale en salon, comme c’est le cas à l’hôpital. Les futures tatouées peuvent néanmoins se procurer une crème anesthésiante prescrite par leur médecin et se l’appliquer avant de passer sous l’aiguille.

Quant aux pigments et au matériel, différents de ceux des tatoueurs dits « artistiques », ils sont soumis au même décret du 3 mars 2008 qui définit « les règles de fabrication, de conditionnement et d’importation des produits de tatouage » et interdit l’utilisation de certains composants jugés dangereux.

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4. Cet acte peut être pris en charge par l’Assurance Maladie

Si le tatouage médical intervient dans le cadre d’une Affection de longue durée exonérant (ALD), il sera remboursé par la sécurité sociale. C’est le cas par exemple pour la reconstruction mammaire -le cancer du sein étant considéré comme une ALD. L’association La maison du cancer précise tout de même « qu’en cas de symétrisation, le remboursement se fait sur examen du dossier ». « Attention, certains chirurgiens pratiquent des dépassements d’honoraires qui peuvent être pris en charge par certaines mutuelles », prévient également le site. Pour le dessin des aréoles -qui nécessite dans tous les cas un devis personnalisé, les prix varient entre 350 et 600 euros pour les deux seins.

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5. Toutes les peaux ne peuvent pas être tatouées

« Sur une peau très cicatricielle, abîmée ou mince, le tatouage des aréoles ne prend pas bien », explique le chirurgien Fabien Reyal. Dans Tatouage et maquillage réparateurs (Editions Arnette, 2008), Catherine Grognard écrit en plus que, concernant les paupières et les aréoles mammaires, « la dermopigmentation sera plus éphémère qu’ailleurs ». Plus légers que les pigments mélangés utilisés dans le tatouage permanent, les pigments végétaux et minéraux du tatouage correcteur sont aussi plus sensibles au PH de la peau et aux habitudes de vie: « Une femme qui va souvent à la piscine devra certainement revenir plus rapidement pour ses retouches, car le chlore attaque le tatouage », fait observer Marty. La prise et la durée du tatouage seront donc différentes d’une personne à l’autre, même si, en moyenne, « il faut compter une à deux retouches par an ».

Si la peau n’est pas adaptée à un tatouage semi-permanent, il reste toujours une solution plus radicale: « Je vois de plus en plus de patientes qui optent pour un tatouage artistique », affirme le Dr. Reyal.

Source : Dermopigmentation: cinq choses à savoir sur le tatouage médical – L’Express Styles

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